novembre 4

La voix des ombres

Cette voix qui susurre lorsque vient le silence
Ce murmure insistant s’immisçant dans mon âme
Allume dans mon esprit de bien étranges flammes
Ravivant en mon cœur de malsaines souffrances

Elle vient lorsque s’éveille le sombre voyageur
L’arpenteur de ténèbres aux si noires pensées
Se nourrissant de peines dans son obscurité
Secouant ses entraves, insufflant sa terreur

Il est celui qu’exècrent l’honneur et la raison
Contournant leurs défenses pour libérer sa rage
Sans cesse il travaille à saper leur barrage
Attisant les feux blêmes de médiocres passions

Lentement, pas à pas, il instille ses idées
Corrompant patiemment toute mes réflexions
Rampant insidieusement dans l’ombre et l’illusion
Rongeant chaque parcelle de mon identité

Il voudrait sous mon masque pouvoir me contrôler
Me contraindre par la force à accomplir son œuvre
User de ma psyché pour parfaire ses manœuvres
S’emparer de mon être pour mieux le consumer

J’entends sa volonté rugir en chaque battement
Comprimant un peu plus mon cœur entre ses poings
Déchainant sa fureur contre tout un chacun
Il vient pour m’envahir, me faire son instrument

Si d’aventure ce prince aux ténébreux désirs
Etendait son pouvoir sur toute ma personne
S’annoncerait pour mon monde l’heure où seul le glas sonne
Et pour l’arrêter il me faudrait périr.

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octobre 21

La désolation

Il est des paysages où l’on erre l’âme en peine
Cherchant la compagnie d’autres êtres égarés
Mais on sait ces pays si bien dissimulés
Que peu trouvent le passage qui secrètement y mène

Pourtant point de frontières, ni douanes, ni remparts
On y peut pénétrer de mille et une façons
Il suffit d’employer son imagination
Pour obtenir la clé dissipant ses brouillards

Une plume, quelques mots, tracés sur le papier
Et ce monde se déploie, immense et mystérieux
Vous offrant un voyage sur des flots merveilleux
Où vivent les chimères et les rêves oubliés

Ses terres infinies se peuplent d’apparitions
Personnages fantasques, souvenirs prenant corps
Mais on y croise rarement ceux qui existent encore
Il n’y a que les brumes et leur voile d’illusion

On ne peut partager, ni retranscrire ces lieux
Sans les dénaturer, manquant de précision
En eux tout se mélange, se mêle et se confond
A tel point qu’on ne peut se fier à ses yeux

Aussi riches qu’ils soient, ces mondes sont désolés
N’ayant pour habitants que songes et artifices
Cachant sous leur beauté de ténébreux abysses
Devant leur existence à nos cœurs esseulés.

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octobre 18

Le Maitre des Vérités

Glissant parmi les ombres de la rue embrumée
Drapé dans une cape au revers carmin
La paume refermée sur une canne de bois fin
Seigneur venu de l’Est en des temps oubliés

Il flâne, le nez en l’air et le pas décidé
Se délectant du monde, savourant ses trésors
La tête couronnée d’une chevelure d’or
Son regard d’azur perdu dans ses pensées

Depuis longtemps, sur lui, le temps n’a plus de prise
Traversant les époques au gré de ses désirs
Conservant pour lui-même de nombreux souvenirs
Se délectant des frasques d’une jeunesse exquise

Prince des érudit, mentor de plus d’un
Il a marqué les âmes de sa subtile empreinte
Leur laissant entrevoir un monde en demi-teinte
Où, sans jamais dévier, il trace son chemin

Marchant dans les ténèbres depuis le commencement
Dans son éternité il trône, magnifique,
Et sans se départir de son sourire cynique
Il cerne l’univers d’un œil saisissant

Faisant et défaisant les alliances prolifiques
Il est le tronc central d’une multitude de sphères
Menant son entourage dans un jeu solitaire
Où résonnent les éclats de son rire sardonique

Sa stature, sa présence, sa grande érudition
L’on placé précocement au centre des attentions
Jusqu’à faire de lui un démiurge, un démon
Son cœur renfermant de bien belles émotions

Il cache sous son masque de dandy sarcastique
Les maux que bien des vies ont imprimé en lui
Une sensibilité, une finesse d’esprit
Esquissant le portrait d’un vampire romantique.

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octobre 14

Ecervelée

Vous êtes, chère enfant, si doucement naïve
Votre fraiche innocence en attire plus d’un
Un vol de vautours, une coupe à la main
Prêts à vous éblouir avec de riches missives

Leur faste n’est qu’apparence, plaisantes illusions
Derrière leurs belles paroles se cachent stupre et envie
La seule chose qu’ils espèrent est vous voir dans leurs lits
Faisant de vous bien vite l’objet de leurs pulsions

Sitôt lassés de vous, bien vite ils s’en iront
Trouver une autre oie blanche aux charmes juvéniles
Pour servir à nouveau leurs dessins si vils
Vous effaçant bien vite, ils vous abandonneront

Alors, présentant l’amant qui vous néglige
L’homme qui vous ignore, vous ayant possédée
Entrera sur la scène le poète dévoyé
Vivant à vos crochets, vantant votre prestige

Il ne fera guère mieux, et, vous ayant ruinée
S’en ira pour autre encore cousue d’or
Délaissant vos beautés pour de plus grands trésors
Prêt à toute bassesse pour la célébrité

Alors, le cœur lourd et vos charmes fanés
Vous maudirez les hommes, auteurs de tous vos maux
Répugnant de les voir, vous isolant bientôt
Nourrissant vos rancœurs, vous vous enfermerez

Perdue dans vos malheurs vous ne remarquerez pas
Celui qui dans votre ombre toujours s’est tenu
Nourrissant pour vos yeux des sentiments émus
Craignant de vous faire fuir s’il ne les taisait pas

Pour ne pas vous troubler, s’estimant trop indigne
Jamais il n’osera saisir la moindre chance
Mais toujours fidèle, même dans la souffrance
Dévoué à votre âme, il attendra un signe

Sachez que tous les hommes ne mènent pas de jeu
Certains se trouvent trop humble pour oser se montrer
Ils craignent de déplaire ou bien d’embarrasser
Et préfèrent en secret bruler de mille feux.

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octobre 11

Le jeu

Encore une tentative, une nouvelle route
Sauter d’une ligne à l’autre en espérant un mieux
S’élancer dans le vide pour effleurer les cieux
Et tenter de tenir, toujours, face au doute

Approcher l’équilibre sur un fil ténu
Se battre à tout instant pour ne pas basculer
Se courber sous les vents contraires et courroucés
S’empêcher de sombrer dans le vide absolu

Se raccrocher aux maigres étincelles d’espoir
Souhaiter la réussite pour mieux s’y préparer
Maintenir le cap pour ne pas s’égarer
Ou se perdre sur une voie malsaine et illusoire

Eriger pas à pas une tour, un refuge
Un havre de salut que l’ombre n’atteint pas
Tâche bien périlleuse lorsqu’elle est en soi
S’infiltrant lentement, usant de subterfuges

Construire ce que l’on peut tant que dure l’accalmie
Assembler chaque fragment de tranquille quiétude
En un tableau solide face aux vicissitudes
Pour ne pas tout voir irrémédiablement détruit

Lutter contre les vagues de ténèbres lancinantes
Qui reprennent sans cesse le siège de mon esprit
Désireuses de le voir à jamais englouti
Basculant dans l’abyme où toute vie est absente

« Arrière, reculez, laissez-moi, cette nuit!
Je ne vous cèderai pas, cessez de m’éprouver!
Je ne laisserai pas mon âme succomber
Il est encore trop tôt pour sombrer dans l’oubli! »

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octobre 7

La tisseuse

Dans un recoin dissimulé
D’un monde plus ancien que l’Aether
Tous les secrets de l’univers
S’entrecroisent pour mieux se mêler

Dans cette étrange officine
Œuvre une fileuse de génie
Qui assemble les fibres de vie
En une trame cristalline

Ses tissages sont tout irisés
Ornés de gemmes scintillantes
Ici une perle rutilante
Là une pierre aux teints ambrés

Entre ses doigts naissent des merveilles
Ses gestes sont nets et précis
Pas d’accros dans la mélodie
La lente danse de cette abeille

Elle bondit d’un brin à l’autre
Infatigable travailleuse
Liant par des passes malicieuses
Les fils d’un destin à un autre

Elle déploie tel un mirage
Les mils savoirs qui lui permettent
De faire d’une galaxie complète
Un simple nœud sur son ouvrage

Ses mains entrelacent l’infini
Pour créer l’écheveau du monde
Le voile sur lequel tout se fonde
Tendu sur l’abyme et l’oubli.

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septembre 27

Le chantre réprouvé

« Sous la rigide carapace
Le sentiment se fait moins fort
Comme si l’être à demi mort
Se figeait soudain sous la glace »

Attablé dans un recoin sombre
Les yeux rougis et fatigués
Le jeune poète désabusé
Effiloche ses vers dans l’ombre

Il a déjà tout fait, tout vu
Reprenant toujours à son compte
Les mésaventures et les hontes
Des clients ayant un peu bu

Il a connu mille amantes
Dormi dans des couches de toutes sortes
Eprouvé des passions si fortes
Livré son cœur à des passantes

Tant de fois il s’est vu défié
Par tous ces maris bafoués
Qu’il devrait être agonisant
Dans un quelconque fossé béant

S’il avait seulement l’honnêteté
De livrer ses vraies émotions
Et ne pas faire le fanfaron
Alors ses vœux seraient comblés

Il cache sous ses airs de dandy
Une blessure jamais fermée
La fleur maudite de sa lâcheté
Son grand amour, il l’a fuit

Des mots qu’il n’a pu prononcer
Il s’est fait une Némésis
Et savoure comme un délice
Chaque douleur qu’il se crée

Ses écrits sont sa catharsis
Cette table la scène de son déclin
Sa plume se nourrit de chagrins
Qu’il transforme en maléfices

Prise dans le voile de son cynisme
Son âme s’est vue dénaturée
Il reste seul et ignoré
Engoncé dans son égoïsme.

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août 26

Espace

Par une nuit sans lune, mon âme s’est envolée
Dans les courants d’Aether, elle s’est engouffrée
Emportée dans la danse des pulsations stellaires
Elle filait vers les astres, happée par leur lumière

Entrainée par la course d’un torrent invisible
Elle fut propulsée, comète indestructible
Bien loin de nos rivages, hors de notre univers
Là où les rêves se fondent en une masse éphémère

Dans un domaine où croissent les formes immatérielles
Une matrice du songe donnant corps au réel
Là règnent des horreurs maitresses de l’illusion
Assemblant lentement des entités sans nom

Le voyage continuait à travers ce magma
Pour aucune raison, je ne m’arrêterais là
Traversant d’un mouvement des espaces infinis
Je finis par atteindre une galaxie d’oublis

Ici se désagrègent dans un immense trou noir
Les vies, les souvenirs, les peurs et les espoirs
Les esprits sortent neufs de cet affreux néant
Reprenant leur chemin à un rythme épuisant

Et atteignent enfin le terme de leur périple
Sous les rayons intenses d’une étoile terrible
Devant eux se déploie un lieu d’émerveillement
Et l’étape finale de leur accomplissement

En ce lieu ils fusionnent en une conscience unique
Rejoignant l’unité d’un être fantastique
Ils accèdent en l’instant à la Félicité
Contemplant d’un regard toute l’éternité.

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août 19

Mademoiselle Lynn

Mademoiselle Lynn est surprenante
Tireuse de carte, femme savante
Elle entrevoit les plis cachés
Du voile de la destinée

Toujours penchée sur un volume
Les pensées perdues dans la brume
Elle déchiffre les langages anciens
Cherchant une cause au destin

Elle vous regarde sans vous voir
Se pénétrant de son savoir
Pour trouver votre devenir
Les voies masquées du souvenir

Certains la craignent et la rejettent
Fomentant des complots infects
Mais grâce à ces dons, son grand cœur
La dame a de bons protecteurs

Aussi la laisse-t-on étudier
Entrer en transe ou rédiger
Les résultats de ses lectures
En théorisant le futur

Mais prenez garde à yeux verts
Qui voient en vous comme en eau claire
De peur qu’alors elle vous dévoile
La trame du monde, l’horrible toile

Révélant toute l’absurdité
D’une existence sans vérité.
Quelle étrangeté que ses visions
Aubaine ou bien malédiction?

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août 19

Le maître des lieux

Bren le bancal, le tenancier
Pourvoit en vices alcoolisés
Malgré le temps il a gardé
Ses reflexes de contrebandier

Distillant philtres et potions
Assouvissant toutes vos passions
Il passe pour être un peu sorcier
Gardant jalousement ces secrets

Dans une alcôve de son bureau
Des cornues fument sur un réchaud
Dégageant des vapeurs méphitiques
Et des saveurs éthyliques

Il connut son heure de gloire
En occissant un mage noir
D’un coup de massue bien placée
Pour une note impayée

Son air affable, toujours jovial
Cache une méfiance viscérale
Mais lorsqu’il est bien disposé
Il offre toujours une tournée

Son vécu a laissé des traces
Parfois sa clientèle le lasse
Alors au bar il passe la main
A Malignar, son homme de bien

Et s’enferme dans son fumoir
Pour en faire son laboratoire
Lorsqu’il ressort il est changé
Mais grâce à quoi, nul ne le sait.

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