avril 25

Cœur astral

Lorsque ce monde hagard s’en retourne au Silence
Sous la Lune déployant ses mille rais d’argent,
Pour quelques heures s’écarte le Voile iridescent
Couvrant les voies secrètes où vogue Astralescence.

Nef de pur Aether, sise entre les étoiles,
Au pavillon orné d’une plume de chimère,
Tu embarques en ton sein les livres d’Éphémère
Où les trames du Destin, innombrables, se dévoilent.

Étais-ce entre ces pages que mon âme s’égara?
Au détour d’une ligne mêlée d’ambre et d’argent,
Une larme de fragrances,un parfum envoûtant
Évoquant la silhouette d’une étrange Ophelia.

Astre flamme, fleur obscure, vraie lumière, belle d’ombre,
D’essence insaisissable, elle était fascinante.
Mon être en fit sa Vie, mon cœur son Amante,
Un souffle m’assujetti à cette beauté sombre.

Pris dans la Roue du Temps, j’erre, perdu, d’âge en âge,
Trébuchant, corps gelé, sur cette longe route;
L’Espoir, ce doux poison, vient pourfendre mes doutes
Et me pousse en avant, prolongeant ce voyage.

Au loin, l’aube dessine la Miroitante Image,
L’esquisse de l’Exquise que je cherche en toute ère.
Est-ce un tour de l’esprit? Je meurs tant je l’espère!
Où es-tu, Vue Céleste? N’es-tu donc que mirage?

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avril 13

Atonie

Où sont les blancs navires sur l’Océan de brumes,
Leurs peuples merveilleux, colorés, chatoyants?
Mes visions s’évaporent, noyées dans le néant;
Tant de pages restées vierges que ce vide consume.

Mon esprit engourdi, comme pris dans une toile
Laisse les rêves s’étioler, rongés par le commun.
La plume ne danse plus, ses feux se sont éteints;
Vidés de leur substance, mes pauvres yeux se voilent.

Tant de chaînes, de contraintes, dévorent mon énergie;
Le Réel est si lourd, poisseux, abrutissant
Que mon être englué se perd, agonisant,
S’oubliant lentement, privé de sève, de vie.

Maelstrom permanent, le Temps brûle mon essence,
Étouffant l’Étincelle dans sa course immuable.
Les jours se succèdent, l’un à l’autre semblables,
La course de cette Horloge annihilant mes sens.

Je suis coquille creuse, automate pétrifié
Mouvant par habitudes cette pesante carcasse;
Égaré loin du Songe, ma volonté s’efface.
Quelle voie, quel chemin pour me régénérer ?

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février 19

Caïr

Je fus prince d’Aether, hôte des sphères du Songe
Brûlant de mille passions, modelant l’éternité
Avant de choir ici, égaré, intrigué
Par cet êtres de chair que les horloges rongent.

J’ai vécu cent éons, prisonnier oublieux
Dans vos gangues de glaise, loin de l’essence du Rêve,
Un cycle appelant l’autre, mue après mue, sans trêve;
Ma mémoire s’étiolant en souvenirs brumeux.

Avec quel brio et quelle facilité
Je vous ai vu grandir, vous élever vers l’amour,
Conquérir un autre être, vous unir sans détours,
Et vieillir sans entraves, heureux, illuminés!

Quelle magie était-ce là ? Quel pouvoir merveilleux!
J’appris vos mots, vos mœurs, pour mieux m’y essayer.
Hélas, quelle déconvenue! Ma non-humanitée
Faisait fuir toutes celles à qui j’offrais mes vœux.

Je me suis fais poète, aux vers ensorceleurs,
Cherchant à découvrir le secret de vos âmes;
J’étalais sur mes pages des rires ou bien des larmes
Sans percer ce mystère: à quoi vibrent vos cœurs?

Que de vies de chagrin, de pleurs continus
Sans avoir un instant partagé une caresse.
Fatiguée,épuisée, brisée par la tristesse,
Ma voix s’est asséchée, mon humble chant s’est tut.

J’erre encor ici-bas, vestige craquelé,
Contemplant chaque instant l’énergie de vos vies,
Gardant par devers moi ce questionnement maudit:
Comment m’ouvrir à vous ? Comment dois-je m’exprimer?

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novembre 19

Pâle humeur

Toi le faiseur de songes, tisseur d’illusions,
Tes sens te leurrent encor, plient la réalité;
Ton cœur ébauche ses rêves sur des trames biaisées
Par les chimères étranges d’une trouble perception.

Tu captes des images glissant entre les voiles
De tant d’autres réels, si lointains et si proches;
Ton esprit défaillant à ces bribes s’accroche,
Les lie, les superpose en une trompeuse toile.

Et ta tendre nature, naïve, trop docile,
Y distingue les esquisses de ses secrets espoirs.
Et tu bâtis des chants, des contes illusoires
Jusqu’à l’instant tragique où la vie te décile.

Tes mots se muent en cendres, ton être se flétrit
Une nouvelle blessure vient ton âme abîmer
Et tu regagnes l’île aux rives désolées
Où veillent ta solitude et ton essence meurtrie.

Oh, faible démiurge, ta voie n’est pas ici!
Tu en appelle aux anges dans un cosmos sourd.
Quand donc comprendras-tu qu’en ce monde n’ont pas cours
Les valeurs, les vertus que ta conscience chérit ?

Tu es d’un autre temps, issu d’une autre sphère,
Égaré ici-bas par les choix du hasard.
Oncques ne vit un autre venu ici déchoir
Muni des mêmes tares ou brumeux caractère.

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septembre 1

Fata

Dans les brumes d’Outresonge l’ange aux ailes grises chante.
Il murmure en lui-même une antique mélodie,
Évoque un rêve d’amour condamné à l’oubli,
Se livrant aux étoiles, ses éternelles amantes.

En son cœur, il invoque les oiseaux de soleil,
Volatiles merveilleux au plumage irisé,
Confiant à leurs bons soins ses plus intimes pensés,
Envoi ces messagers vers l’aube qui s’éveille.

Telles de comètes, ils filent, illuminant les cieux,
Vers les êtres à qui songe le céleste exilé.
Ils portent en eux l’espoir, graine prête à germer
Pour adoucir le sort des esprits malheureux.

Sur la branche d’un vieux chêne, l’un d’eux s’est reposé,
Attiré par la voix d’une belle à l’âme meurtrie.
Une plainte silencieuse, une sourde mélancolie
Mêlée aux lourds sanglots d’une fée aux ailes brisées.

Son timbre déchirant, sa profonde douleur
Émeuvent le volatile à l’en faire chavirer.
En un froissement de plumes, ne pouvant résister
Il vient enlacer l’elfe pour apaiser ses pleurs.

Mais l’oiseau n’est qu’un songe, hors d’atteinte du monde;
La triste créature ne peut l’apercevoir.
Les yeux baignés de larmes,toute à son désespoir
C’est à peine si elle sent une brise vagabonde.

Pourtant l’oiseau demeure, veillant la demoiselle
Insufflant son essence pour guérir les maux.
Il a choisi la belle, allégeant son fardeau;
Pour l’aider à renaître il se fera réel.

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juin 12

Particules élémentaires

Cachés entre deux souffles, deux battements de cœur,
Il est d’étranges mondes où mille vies s’écoulent.
Un battement de cils, une larme qui roule:
Toute une histoire s’éveille, s’épanouit et meurt.

Cela prend un instant, deux regards se croisent
Un pétillement subtile, soudain la foudre tombe;
Dans l’air électrisé par cette muette bombe
Se forment mille images; les destins s’entrecroisent.

Pour les voir exister, il suffirait d’un mot;
Un geste, un frôlement, comme une invitation…
Tant de songes éveillés par des brèves émotions
Attendent d’être saisis pour fleurir à nouveau.

Partout, ils sont présent, à un pas hors du temps
A un changement de route, un sourire partagé.
Leurs fils innombrables en une trame imbriqués
Forment une vibrante toile pleine d’astres flamboyants.

Bien peu d’yeux les distinguent, peu d’êtres les comprennent
Et même pour ceux-là, le choix n’est pas aisé.
Devant tant de possibles l’esprit peut hésiter
Aveuglé par l’éclat de ces visions soudaines.

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mai 30

Absolue

Viennent la nuit et l’ombre, vienne le doux sommeil
Où vivent les mirages, les merveilles du songe.
En eux, avec délice, tout mon être se plonge
Étreignant une divine nymphe aux lèvres vermeilles.

Cette secrète gardienne cache contre son cœur
La clef de mille trésors d’une infinie tendresse.
Les étoiles l’ont faîte céleste enchanteresse,
Illustre souveraine du royaume d’un rimeur.

Elle est dépositaire de la beauté du monde
Et parfois je surprends, hors du rêve, son reflet.
Dans l’éclat d’un sourire, d’une tournure l’attrait
Ou dans l’eau d’un regard à la clarté profonde.

Les mots semblent bien fades pour dire sa lumière,
La paisible quiétude habillant sa présence.
Mais lorsqu’elle disparaît, tant me pèse son absence
Que je sens mon esprit se muer en poussière.

Sereine inspiratrice, amante vénérée,
Combien de temps encore durera mon exil ?
Nulle trace en ma mémoire de l’acte vain et vil
Qui me vit hors du temps, loin de toi, déporté.

Partout, en chaque instant, je te cherche et t’espère!
J’aspire à retrouver en tes bras ce bonheur,
Le paradis perdu de ta sublime candeur.
Existe-t-elle seulement ou n’est-elle que chimère?

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mai 6

L’égaré

En son pays mental dansent mille images:
Hybrides de pensées, d’étranges éclats de songes,
Fulgurances d’outre-voile, jeux d’ombres où l’âme plonge,
Cherchant la flamme secrète sous ses nombreux visages.

De geôles en forteresses, de tours en noirs caveaux,
Toujours son esprit file, courant vers l’horizon.
Il emporte avec lui ses doutes, ses illusions,
Les barreaux de sa cage, son pénible fardeau.

Derrière cette coquille qu’il voit comme une armure
Pèsent sa solitude, ses secrètes douleurs.
Semblable et différent, un peu plus à chaque heure
Il ne sait de quel monde il est la créature.

En quête permanente, masquée sous d’autres buts,
Il recherche des liens, des échos similaires;
A travers les étoiles, les lieux, les univers,
Il guette cette résonance, cette vibration perdue.

Depuis longtemps, il erre entre les dimensions
Les volutes du Rêve imprégnant sa psyché.
Parfois il ne sait plus ce qu’est réalité
Tant les sphère se confondent, se mêlent sans distinction.

Au delà des miroirs, il entrevoit parfois
La furtive silhouette de celle qu’il espère:
Celle qui porte en elle la sublime lumière
Où vivent les souvenirs des amours d’autrefois.

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avril 4

Cellule

Une nouvelle fois la toile se fond en illusion,
La trame se délite à peine ébauchée,
Les lyres se sont tues, le ciel s’est refermé,
Seul reste le silence sur ce vide horizon.

Le cœur ne vibre plus de sa douce harmonie
Immobile, terne et froid ; lui qui voulait y croire
Après chaque envolée se doit-il de choir?
D’étoile il se fait pierre; trop de chocs l’ont durci.

Voici l’enfermement, prison qu’il connaît bien;
Il tourne sur lui-même, radote, enrage, s’isole,
Répète des schémas qui le rongent, l’étiolent
Laissent les plaies à vif, suppurant leur venin.

Reviennent les noires ténèbres et le funèbre hiver
Quand au-dehors la terre exhale le printemps.
Son esprit confiné s’altère lentement
A mesure que renaissent les ombres mortifères.

Un unique cri s’échappe puis il devient aphone.
Amorphe, il végète, conduit par des routines;
Sa raison l’abandonne, son néant le domine,
Il se mue en pantin, plus ne rit ni s’étonne.

Sans rêves ni désirs, son être s’est figé;
Prisonnier endormi, esclave du quotidien.
Perdues les joies d’enfant, noyées par les chagrins;
Il devient coquille vide à l’âme anesthésiée.

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mars 15

Icare

Femme flamme au doux sourire, soleil radieux,
Dans cette geôle imposée, c’est à toi que je songe.
Las de ces quatre murs, en mon esprit je plonge…
C’est vers toi qu’il se tourne, papillon amoureux.

Il revit chaque instant, chaque brève parole,
Toujours émerveillé par ta simple présence.
Et je maudis mille fois ma langue faisant silence,
Mon cœur se noyant sous les mots qui l’affolent.

Je voudrais tout te dire, ne plus rien te cacher
Des vagues telluriques qu’apportent ton regard
Dans le secret tombeau où fanaient mes espoirs
De retrouver un jour le courage d’aimer.

Tant de bouleversements, de tristesse, de distance,
Me tenaient à l’écart, repoussant l’affection
Ou bien la faisant fuir devant tant de passion,
Car trop d’intensité génère trop de souffrance.

Trop voir peut aveugler, trop sentir peut brûler
Aussi je maintiens clos mon creuset d’émotions.
Sous le feux de tes yeux, pourtant, vint l’explosion;
Mon âme moribonde s’est remise à chanter.

Et depuis elle danse, bondit, tourne et chavire
Dans l’attente, impatiente de pouvoir te croiser.
Je compte les instants avant la liberté,
Où j’espère pouvoir enfin mon cœur t’ouvrir.

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