avril 28

Primavera

Après la saison morte, comme fleurissent les bourgeons
Le coeur solitaire se dit: Pourquoi pas moi?
Il imagine alors se lovant en ses bras
Une belle et tendre amante, frémissant d’émotions.

Et lorsqu’au firmament brillent les étoiles amies
L’un et l’autre enlacés se perdent dans l’instant,
Se brûlent d’une caresse, leurs corps s’entremêlant
S’enivrent de bonheur,le volent à la nuit.

Le satin d’une peau, la douceur d’un souffle,
Le parfum envoûtant d’un langoureux baiser,
Et c’est l’âme qui flambe en un vivant brasier
Par delà les nuées sans qu’aucun ne s’essouffle.

Une discrète brise porte quelques échos
De serments murmurés, mots doux évanescents.
Lorsqu’à l’aube, épuisés, s’endorment les amants,
La brume vient les couvrir de son opaque manteau.

Ce songe empreint d’amour, l’esseulé y aspire,
Espérant que ses pas joignent sa dulcinée;
Il ne sait qui prier, dieux ou bien destinée
Pour rencontrer un jour celle pour qui il soupire.

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décembre 30

Fêlures

Au plus profond des songes, derrière miroirs et masques
Est caché une gemme, essence de mon être.
Il s’en trouve bien peu qui puisse la voir paraître,
Tant elle se dissimule sous apparences fantasques.

Elle se nourrit des joies qu’apportent quelques liens,
Mais trop baignée de peines, elle souffre d’illusions,
Prend trop vite pour amour une marque d’attention
Et s’abîme en noirceur lorsque l’espoir s’éteint.

En elle les feux alternent, tantôt lumière stellaire,
Tantôt flammes voraces, brûlant mes énergies
Ou faible lumignon dont l’éclat a pâlit
A peine une étincelle, craignant un souffle d’air.

Sa surface est marquée de plaies et de fissures
Tant elle s’est consumé de pertes silencieuses,
D’aveux non déclarés, de rêveries brumeuses;
C’est un triste calice tout marqué de blessures.

A ses pieds rodent et tournent de visqueuses vipères,
Ombres au corps sinueux, guettant la moindre faille
Pour cracher leur poison sur la plus fine entaille
Alimentant le Doute, cette horrible chimère.

Lorsque vient son murmure, tout mon être vacille
Et s’ouvre sous mes pas le gouffre d’Abandon;
C’est un mal vicieux, un affreux puits sans fond
Qui déchire mon cœur de mille et mille vrilles.

Aussi, pardonnez-moi mes peurs, mes égarements.
J’ai en moi tant de vide, d’assourdissants silences
Qui viennent saborder vos mots et ma patience
Que je puis me briser sans quelque soin constant.

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décembre 8

Glas

Il advient certains soirs lorsque l’ombre s’étend
Que d’avides ténèbres enserrent mon triste cœur…
Perdu entre deux mondes, entre ici et ailleurs,
Las de ma longue errance, je m’abîme lentement.

Viennent à moi sombres songes, teintés d’isolement,
De blême solitude et d’esprit amoindri.
Macabre sarabande où se mêle l’oubli,
Infâme décrépitude, longs sanglots, hurlements.

Vagues à vagues, lames à lames, mon être se fissure,
Pris dans une visqueuse toile, un brouillard insidieux.
Rongée par son acide, la flamme du merveilleux
S’étiole douloureusement en suintantes blessures.

Au bord de s’effondrer, alors mon âme pleure,
Implore encore une fois les entités célestes;
Elle voudrait s’envoler loin des brumes funestes
Qui corrompent son essence en d’infinies douleurs.

Sous l’épais voile noir parait une lueur,
Infime, lointain éclat faisant renaître espoir.
« Est-ce toi, mon éternelle, vivante, hors du cauchemars? »
« Viens-tu enfin à moi pour apaiser mes peurs? »

« Où n’est-ce que la Lune perçant l’obscurité? »
« Je t’en prie, révèle-toi! L’absence a trop duré! »
« Eveille-toi, libère-moi, toi, celle que j’attends! »
« Je ne puis, sans aimer, demeurer plus longtemps… »

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novembre 2

Oiseau de satin

Il est une mélodie que le vent porte encor,
Un violon aux accents si doux, si langoureux;
Mon esprit s’y éveille, souvenir merveilleux,
Et mon cœur frémit sous ses vibrants accords.

C’est une valse lente, de celles pour nous bercer
Qu’un soir au clair de lune l’orchestre improvisa.
Le hasard facétieux l’un vers l’autre nous poussa
Et sur la première note nos mains se sont frôlées.

Touché électrisant! J’en fus tout retourné
Et de toute la danse ne te quittais des yeux.
Ton si profond regard m’embrasait de mille feux
Alors que j’effleurai tes membres satinés.

La sublime fragrance de ton léger parfum
D’un geste m’envoûta. Ainsi qu’on jette un sort,
La foule nous pressa, nous rapprochant alors
Que ma main se posait sur le creux de tes reins.

J’admirais de ton cou le derme veloutée,
Rêvant d’y déposer un baiser amoureux;
Remonter vers l’oreille au lobe fabuleux
Pour venir y glisser un murmure passionné.

L’espace d’un instant nous étions seuls au monde
Emportés par nos pas aériens, enlacés…
Puis la musique se tût, le charme fur brisé
Belle, tu disparus, prise dans une ronde.

Lorsque revient à moi cette musique éthérée,
Le souffle, l’air me manquent, je crois t’apercevoir…
Nous retrouverons-nous, demoiselle Diamant Noir?
Reprendrons-nous la danse où tout s’est arrêté ?

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novembre 1

Liens

Il est certains chemins tracés par les étoiles
Qui guident l’Égaré vers un havre secret
Où se croisent et s’assemblent dans un accord parfait
D’étranges compagnies des deux cotés du voile.

Sous la lune d’argent et le feux du foyer
Secrets et confidences tissent de puissants liens.
Des histoires s’écrivent sous l’œil du Destin
Et l’on souhaite le monde tel qu’on l’a rêvé.

Notre Égare, nourri à l’Arbre des Possible,
Contemplant l’assemblé, en dessine les voies.
Un regard échangé, le timbre d’une voix
Éveillent en lui l’écho de Branches Invisibles.

Il peut lire des vies ricochant contre d’autres
Et parfois percevoir des trames effacées.
Mais lorsque c’est son âme qu’il sent effleurée
Alors il perd pieds. Est-il encore des vôtres ?

Discrètement, il s’isole, se plongeant dans les cieux,
Porté par les visions venues troublées son cœur.
Il sait qu’au lendemain, lorsque chantera l’Heure
De nouvelles déchirures lui orneront les yeux.

De toutes ces chimères, ces nœuds de l’existence
Seuls résisteront quelques fils choisis.
D’autres disparaîtrons comme brume au midi
Lui laissant tant de traces, miroirs d’espérance.

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septembre 30

Continent céleste

Par delà les sommets les plus hauts de ce monde,
A tant de milles des rives de l’océan céleste,
Flottent presqu’hors d’atteinte de tout désir funeste
Quelques îlots épars, étoiles vagabondes.

En un Age que le Temps a lui-même oublié
Demeuraient sur ces terres des êtres fabuleux.
Mais l’envie et l’orgueil d’avides présomptueux
Précipita la ruine de leurs grandes cités.

De leur magnificence ne restent que poussière,
Contours vagues de murs sous le lierre écrasés,
Parfois le scintillement d’une gemme passée
Que viennent caresser quelques rais de lumière.

La Nature s’est fait de ces îles conquérante
Enveloppant de ses bras les lieux abandonnés.
Entre lianes et feuilles, sous sa haute canopée
Viennent parfois danser des ombres opalescentes.

Ces vibrants souvenirs chantent un hymne à la Lune,
Volent dans les courant d’un zéphyr passager;
Leurs aériennes passes au charme suranné
Voient renaître la flamme d’une gloire posthume.

En quelques occasions, le Pauvre Baladin
Vois s’ouvrir devant lui la trame versatile
Masquant aux yeux communs et aux esprits dociles
Cet espace perdu à l’écart des chemins.

Dès lors son cœur étrange en devient possédé;
En lui résonne l’écho de songes merveilleux
Ce domaine fut le sien, sous le regard des cieux;
Toutes ses rêveries le voulaient ramener.

Merci à @julie_seve_photographie dont le travail a fait ressurgir cette ombre.

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septembre 5

Mon éternelle

Majestueuse, pur cœur d’étoile,
Danses-tu encore parmi les cieux ?
Tant d’astres passés, tant de lieux;
Ton souvenir parfois se voile…

La voûte sombre et piquetée
Où brûle le Fanal d’Argent
Éveille en moi un sentiment:
L’écho d’un songe annihilé.

Nos errances et leurs vents contraires
Cesseront-elles de nous jouer ?
Te reverrai-je un jour voguer
Depuis les brumes vers cette terre?

Les diamants de ce dais nocturne
Sont pâles reflets de ta lumière.
Mon âme tisse tant de chimères,
Tantôt languide puis taciturne.

Qu’il serait doux d’unir nos êtres:
Un même esprit, une même voix.
Reviendra-tu entre mes bras
Comme nos vœux nous firent promettre ?

« Le Temps; disions-nous; n’est rien.
A peine l’esquisse d’un instant. »
Combien file-t-il lentement
Depuis que je suis ce chemin!

Ombre divine, Fleur Céleste,
Que ne donnerais-je pour ton retour!
Exister n’est rien sans Amour,
Vivre devient une triste peste.

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juin 15

Le Comédien

Revoici sur ma route l’homme au rire moqueur,
L’infernal farceur qui se joue de mes peines.
Tout lui prête à sourire, lancer piques et rengaines
Pour mieux me faire la dupe de ses flots de rancœur.

Il tisse en mon esprit mille ébauches d’histoires,
M’inventant à chaque tour des rôles qui me flattent;
Toujours il embellit par des paroles adroites
Ses esquisses; enjôleur, il joue de mes espoirs.

« Connaissez vous la fable de l’amoureux transi
Qui fait naître en son cœur une fleur merveilleuse?
Lorsque la jeune éclose lui semble enfin radieuse,
Au bras d’un plus habile, son amour est parti! »

Des jours, des nuits durant, de son trait il se gausse,
Ouvrant à chaque trille une plus profonde plaie.
Et tandis que l’homme rit, ma tristesse se tait;
Mes pleurs, mes déchirures, mon âme s’en défausse.

Pour couper ses lazzis, j’emprunte son rictus,
Me pare de cynisme, m’arme d’indifférence.
« A être trop sensible, on ne vit que souffrance! »
Rétorque-t-il sans cesse, si fier de ses laïus.

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juin 9

Aquamarine

Une touche de couleur apposée sur la soie,
Subtile et délicate esquisse d’océan,
Une goutte de cobalt, un vert iridescent;
Tel est le fascinant lagon où je me noie.

L’horizon y dessine un rivage velouté,
Comme le havre lointain, l’escale inatteignable
Où pourrait s’effacer les fatigues innombrables
De ce cœur chavirant, impétueux, agité.

Ballotté par l’orage, la tempête intérieure,
Accroché aux décombres d’une coque de noix,
Un reste de mon être surnage et se débat,
Envahi par le doute, l’inquiétude et les peurs.

« Est-ce pour moi l’heure de ce dernier voyage?
Serait-ce donc la rive tant rêvée, espérée?
Ou n’est-ce qu’illusion, mirage d’éternité,
Un sinistre final à cette ère de naufrage? »

« Puisse l’Oeil de la Déesse veiller encor sur moi,
M’épargner faux espoirs, éclairer mon chemin. »
Ainsi priai-je les cieux changeant et incertains
Escomptant un fanal qui dissipe mon émoi.

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juin 4

L’Ophélia

Dans le flot permanent, le bourdonnement du monde;
Lancinante rumeur, litanie insensée;
S’élève par instants, douce comme la rosée,
Une note rieuse, mélodie fine et ronde.

Un éclat de soleil perçant la voûte grise
Pour porter ses rayons sur mon cœur fatigué;
Simple, parfois timide, mais toujours enjoué,
Un sourire, frais et franc, au parfum de cerise.

Sous le faisceau ardent de miroirs veloutés,
Joyaux doubles ornant une fascinante idole,
Alors, en un éclair, mon battement s’affole;
Happé par ce regard, je reste subjugué.

Le battement de cils d’une paisible vestale
Vient secouer en moi des ruines calcinées;
Cette chaleur dans ces yeux, quelques mots échangés,
Sur mon âme brûlée, comme un baume s’étalent.

Dans un riche jardin aux mille arbres fruitiers,
Souvent je la rencontre, toujours rayonnante;
Sa parole délicate, son aura vivifiante,
Font déjà tant pour moi que je n’ose la troubler.

Pourtant, il faudra bien qu’à elle je confie
Cet étonnant printemps dont elle est l’origine;
J’ai bien trop vu d’histoires qui, à peine, se dessinent
Mais dont l’espoir s’envole si l’on ne le saisit.

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